L’examen de conformité fiscale (ECF) est un dispositif relativement récent, introduit par l’administration fiscale française, pour renforcer la sécurité juridique des entreprises face aux contrôles fiscaux. Cet outil permet aux sociétés de faire vérifier certains points fiscaux essentiels par un prestataire qualifié, tel qu’un expert-comptable ou un commissaire aux comptes. Grâce à l’ECF, les entreprises peuvent anticiper les éventuels risques de redressement et renforcer leur relation de confiance avec l’administration fiscale. C’est un mécanisme de prévention qui aide les entreprises à se prémunir contre les erreurs fiscales.

Pour les dirigeants, l’ECF offre une solution concrète à la complexité des obligations fiscales françaises. En s’assurant d’être en conformité avec la loi, une société gagne en sérénité et optimise ses performances. Voyons plus en détail comment fonctionne ce dispositif, ses avantages et les étapes de sa mise en place.

ECF

1. Qu’est-ce que l’examen de conformité fiscale (ECF) ?

L’examen de conformité fiscale, mis en place dans le cadre de la loi de finances pour 2021, est un dispositif volontaire qui permet à une entreprise de bénéficier d’une vérification de sa fiscalité sur des aspects précis, avec l’aide d’un prestataire externe. Contrairement à un contrôle fiscal qui est imposé par l’administration, réaliser un ECF repose sur une démarche proactive de la société.

L’objectif principal de l’examen de conformité fiscale est double :

  • Prévention des erreurs fiscales : Le dispositif permet de déceler des anomalies potentielles avant qu’elles ne fassent l’objet d’un redressement.

  • Transparence et conformité : En adoptant une telle démarche, la société montre sa volonté de se conformer aux règles fiscales et d’éviter toute source de conflit avec l’administration.

En pratique, l’entreprise mandate un expert-comptable ou un commissaire aux comptes pour bénéficier de cet examen sur une liste de dix critères définis par le fisc. Ces points couvrent l’ensemble des aspects cruciaux de la fiscalité, comme la TVA, la comptabilité, ou encore les crédits d’impôt.

1.1. Un outil pour anticiper et prévenir les risques fiscaux

Pour un dirigeant, l’examen de conformité fiscale est un levier qui permet de limiter les risques en cas de contrôle fiscal. Lorsqu’une société fait appel à un expert-comptable pour réaliser cet examen, elle a l’assurance que les points validés ne pourront plus être contestés lors d’un éventuel contrôle. Cela réduit de manière significative l’incertitude que tout dirigeant redoute face aux potentielles erreurs ou oublis fiscaux. Une simple erreur sur une déclaration de TVA, par exemple, peut entraîner un redressement important ou modifier le résultat fiscal

Réaliser un ECF permet également d’éviter les pénalités financières ou administratives en cas de litiges avec le fisc. Pour une entreprise qui évolue dans un environnement économique incertain, éviter des sanctions lourdes et des frais imprévus constitue un atout majeur.

1.2. L’évolution de la relation avec l’administration fiscale

L’introduction de l’examen de conformité fiscale témoigne de l’évolution des relations entre les entreprises et le fisc. Autrefois perçu comme un processus punitif, le contrôle fiscal tend aujourd’hui à s’orienter vers une collaboration proactive, où la prévention et la conformité sont encouragées.

La réalisation des ECF incarne cette nouvelle approche. L’administration fiscale ne cherche plus seulement à sanctionner, mais propose des outils pour encourager les entreprises à sécuriser leurs pratiques. Pour une société, l’adoption de l’ECF peut ainsi se traduire par une relation plus fluide et harmonieuse avec le centre d’impôts.

 

2. Qui peut réaliser un ECF ?

L’examen de conformité fiscale ne peut pas être réalisé par n’importe quel prestataire. L’entreprise doit confier cette mission à un expert-comptable ou un commissaire aux comptes qui est un professionnel habilité à effectuer cet examen, prestataire ECF du fisc. Ce professionnel doit posséder une expertise poussée en comptabilité, en matière fiscale et avoir une connaissance approfondie des normes en vigueur.

En recourant à un professionnel extérieur, la société bénéficie d’une mission d’ analyse indépendante et rigoureuse de ses pratiques fiscales. Cette mission apporte un nouveau regard sur des aspects de la fiscalité qui, souvent, échappent aux responsables internes. Le professionnel va non seulement s’assurer que les obligations fiscales sont respectées, mais il peut aussi prodiguer des conseils d’optimisation pour améliorer les performances fiscales de l’entreprise.

2.1. Le rôle crucial de l’expert-comptable ou du commissaire aux comptes

L’expert-comptable, en tant que prestataire de l’ECF, a une mission centrale dans la démarche de sécurisation des déclarations fiscale de l’entreprise. Cette mission se concentre sur l’analyse des dix points de contrôle imposés par le fisc, mais il peut aussi proposer des recommandations personnalisées pour renforcer la conformité et l’efficacité de la société.

En effet, la mission de réalisation des ECF ne se limite pas à une simple validation technique de la comptabilité et des déclarations fiscales par ce professionnel. Il s’agit d’un processus et d’une mission au cours desquels l’expert-comptable ou le commissaire aux comptes peut identifier des axes d’amélioration ou des optimisations fiscales, tout en garantissant la conformité légale. Par exemple, il peut suggérer des ajustements dans la comptabilisation des provisions ou des amortissements pour maximiser les avantages fiscaux.

3. Les points clés de vérification de l’examen de conformité fiscale

L’examen de conformité fiscale repose sur dix critères de contrôle définis par l’administration fiscale. Ces points clés couvrent les domaines essentiels de la fiscalité d’une entreprise, tels que la TVA, les résultats fiscaux, les provisions ou encore les crédits d’impôt. Voici un aperçu des principaux éléments :

3.1. La conformité du fichier des écritures comptables (FEC)

Le fichier des écritures comptables (FEC) est un élément clé pour le fisc, car il permet de retracer toutes les transactions d’une entreprise. Ce fichier doit respecter un format strict et précis, et tout manquement peut entraîner des sanctions lourdes. La conformité du fichier des écritures comptables est donc un élément clé de la relation de confiance avec l’administration fiscale.

3.2. La TVA

La déclaration et le paiement de la TVA sont des obligations centrales pour la plupart des sociétés L’ECF permet de vérifier que les déclarations de TVA sont conformes aux règles en vigueur, et qu’aucune erreur ne compromet le paiement de cette taxe.

3.3. Les provisions et les amortissements

Les provisions et les amortissements sont des sujets complexes qui demandent une organisation rigoureuse. L’ECF permet de s’assurer que ces éléments sont comptabilisés correctement et qu’ils respectent les conditions de déductibilité.

3.4. Les crédits et réductions d’impôt

Pour les entreprises éligibles, les crédits d’impôt peuvent représenter un allègement fiscal significatif sur ses finances. L’ECF vérifie que la société est éligible et que les crédits sont correctement appliqués. Cela inclut des dispositifs comme le Crédit d’impôt recherche (CIR) ou le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE).

3.5. La gestion des immobilisations

Les amortissements des immobilisations doivent être calculés avec précision. Une erreur dans ce calcul peut entraîner des réintégrations fiscales qui auront un impact immédiat sur les finances. L’ECF veille à ce que ces opérations soient conformes aux règles fiscales en vigueur.

4. Les avantages de l’ECF

Décider d’opter pour réaliser un examen de conformité offre de nombreux avantages, à la fois pour l’organisation courante de la société et en cas de contrôle fiscal. Voici les principaux :

4.1. Réduction du risque de redressement fiscal

En validant les éléments clés de la fiscalité de l’entreprise, réaliser un examen de conformité permet de limiter considérablement les risques de redressement. Une fois la mission terminée, les points validés par l’expert-comptable, l’administration fiscale ne pourra plus revenir sur ces éléments, sauf en cas de fraude manifeste. Cela réduit le stress et l’incertitude pour les dirigeants.

4.2. Amélioration de la fiscalité

L’ECF permet de mieux organiser la fiscalité de l’entreprise. Avec des aspects comme les provisions ou la TVA régulièrement vérifiés, la société peut proposer de corriger les anomalies avant qu’elles ne dégénèrent en problèmes plus sérieux.

4.3. Renforcement de la confiance avec l’administration fiscale

L’adoption de l’ECF démontre une volonté de transparence et de bonne foi de la part de l’entreprise, ce qui peut faciliter les échanges avec l’administration fiscale et dans ce cadre, réduire la fréquence des contrôles inopinés.

5. Le déroulement de l’ECF

L’ECF se déroule en plusieurs étapes, chacune essentielle pour garantir une bonne réalisation. Ce contrôle ne peut se réaliser que si la case ECF a été cochée sur la liasse fiscale. Une fois la case ECF remplie, plusieurs étapes se mettent en place :

5.1. Signature du mandat

L’entreprise mandate un expert-comptable ou un commissaire aux comptes pour réaliser l’examen. Le contrat précise les obligations des parties et les modalités de réalisation de l’ECF.

5.2. Collecte des documents

L’entreprise fournit les documents nécessaires pour l’examen, tels que les comptes annuels, les déclarations fiscales, et le fichier des écritures comptables.

5.3. Examen des points de contrôle fiscaux

Le prestataire vérifie les dix points clés définis par l’administration et s’assure de leur conformité. Il peut aussi proposer des ajustements ou des améliorations si nécessaire.

 

5.4. Remise du rapport

À l’issue de l’examen, le prestataire rédige un rapport détaillant les points validés et les éventuelles anomalies constatées. Ce document est ensuite remis à l’entreprise, mais également à l’administration fiscale, qui en prend connaissance. Ce rapport revêt une importance cruciale car il analyse les éléments de conformité validés ainsi que ceux qui nécessitent des corrections. Si des erreurs sont détectées, la société peut alors les corriger sans risquer de sanctions sur ces points de contrôle lors d’un futur contrôle.

5.5. Corrections éventuelles

Dans le cas où des anomalies ou des non-conformités sont relevées, l’entreprise a la possibilité de les rectifier directement, avec l’aide de l’expert-comptable ou du commissaire aux comptes. L’avantage ici est que les corrections peuvent être effectuées de manière proactive, évitant ainsi toute sanction fiscale future. Ce processus encourage une administration transparente et rigoureuse des obligations fiscales.

6. Les limites de l’ECF

Bien que l’examen de conformité fiscale soit très utile pour les entreprises, il comporte certaines limites qu’il est important de souligner.

6.1. Un dispositif volontaire

L’ECF repose entièrement sur une démarche volontaire de la part de l’entreprise. Il n’est pas obligatoire et son utilisation dépend de la volonté du dirigeant à faire vérifier sa conformité fiscale. Par conséquent, certaines sociétés peuvent être tentées de ne pas recourir à ce dispositif, surtout si elles estiment que leur fiscalité est déjà optimisée. Cela signifie que l’ECF pourrait ne pas être utilisé à sa pleine capacité par toutes les entreprises.

6.2. Un coût non négligeable

Faire appel à un prestataire externe, comme un expert-comptable ou un commissaire aux comptes, implique des frais pour l’entreprise. Bien que ces frais puissent être justifiés par la réduction des redressements fiscaux, certaines sociétés peuvent trouver ce coût dissuasif, surtout si elles sont de petite taille ou si elles ont peu de complexité fiscale à gérer. Le dirigeant doit donc évaluer si l’investissement dans un ECF est proportionnel aux redressements fiscaux encourus.

6.3. Une portée limitée

L’ECF ne couvre que les dix points précis définis par l’administration fiscale. Cela signifie que d’autres aspects de la fiscalité de l’entreprise, qui ne sont pas inclus dans ces points, restent soumis aux contrôles classiques. Ainsi, même si l’ECF peut offrir une protection importante sur certains points, l’entreprise n’est pas à l’abri d’un contrôle plus large de l’administration sur des aspects non vérifiés dans le cadre de l’examen.

7. Conclusion : Une stratégie fiscale proactive

L’examen de conformité fiscale représente un outil pertinent pour les entreprises souhaitant sécuriser leur gestion fiscale et éviter les mauvaises surprises lors d’un contrôle fiscal. En sollicitant un prestataire qualifié comme un expert-comptable ou un commissaire aux comptes, l’entreprise peut s’assurer de sa conformité sur des points clés tels que la TVA, la gestion des provisions ou encore la rémunération des dirigeants.

Les bénéfices sont nombreux : réduction des risques de redressement fiscal, sécurisation de la fiscalité, et renforcement de la relation de bonne foi avec l’administration fiscale. Cependant, l’ECF reste une démarche volontaire et payante, ce qui incite les chefs d’entreprise à bien évaluer l’intérêt de ce contrôle en fonction de leur situation spécifique.

Pour une entreprise dont la gestion fiscale est complexe ou pour celles qui opèrent dans des secteurs fortement contrôlés, l’ECF s’avère être une option stratégique pour prévenir les redressements fiscaux. En revanche, pour une petite structure avec une fiscalité simple, il est important de peser le coût du contrôle par rapport aux avantages attendus.

Dans tous les cas, l’ECF illustre une tendance vers une gestion fiscale plus transparente et préventive, où l’anticipation des risques prime sur la simple correction d’erreurs a posteriori. Pour les chefs d’entreprises soucieux de l’avenir et de la pérennité de leur activité, ce dispositif offre une opportunité de sécuriser leur entreprise face à l’une des plus grandes incertitudes : le contrôle fiscal.

Frédéric JANVIER 

Expert-comptable – Audit Experts

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