Création d'entreprise et COVID-19 : Que deviennent les entrepreneurs qui devaient se lancer ?

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La crise sanitaire en France a eu un fort impact sur la création d’entreprise : selon l’INSEE, en mars 2020, le nombre de création d’entreprise a chuté de 25% par rapport à février 2020. Le nombre de faillites à quant à elle augmenté de 25%. C’est donc dans un environnement économique et sanitaire incertain que les entrepreneurs qui devaient lancer leur projet doivent évoluer. Nous avons rencontré l’un d’entre eux, qui nous raconte ici l’impact de la crise sanitaire sur sa création d’entreprise.

Bryan Barboyon a 29 ans. Après un Bac Économique et Social, puis une école de communication, il travaille pendant 7 ans en agence de communication à Paris. En 2019, après un ras-le-bol général, il décide de reprendre une pizzeria-trattoria avec un associé et de changer complètement de vie.

Entreprendre pour donner du sens à son métier

Bonjour Bryan, quel a été le déclic de votre projet de création ?

Bryan Barboyon (B.B.) : Mon associé et moi avions tous les deux l’envie d’entreprendre et de changer de vie. Nous voulions donner du sens à notre métier !

 Pouvez-vous nous présenter votre projet de création d’entreprise ?

B.B. : Avec mon associé, nous avons racheté une ancienne pizzeria à Rouen (76), qui faisait 450 000€ de chiffre d’affaires annuel. Elle n’était plus rentable et perdait de l’argent. L’ancien patron l’exploitait depuis 26 ans, mais avait abonné son projet. Mon associé et moi-même en avons profité pour le reprendre : le restaurant est très bien placé dans l’hypercentre de Rouen, avec un charme fou. Nous avons eu un coup de cœur ! Nous avons donc créé une SAS, avec un rachat de fonds de commerce. Nous avons chacun nos parts, mais avec une responsabilité à 50/50.

Comment se sont déroulées les négociations avec le cédant ?

B.B. : Ça a été dur, car il voulait nous revendre le fonds de commerce pour 400.000€, ce qui était beaucoup trop cher, mais il n’arrivait pas à revendre depuis 8 ans. Il a fini par céder, en nous laissant ses salariés car il n’avait pas les moyens de rompre leur contrat. Le rachat a donc compris les employés du restaurant. Nous sommes satisfaits de notre négociation par rapport au prix de rachat. Mais si nous avions un conseil à donner aux entrepreneurs, cela serait qu’il vaut mieux partir de zéro et sélectionner tout son staff soit même, car c’est parfois compliqué de travailler avec des salariés que l’on n’a pas nous-même embauchés.

Combien de temps votre projet a-t-il mis avant de voir le jour ?

B.B. : Presque 8 mois ! Nous avons racheté le restaurant en septembre 2019, puis nous l’avons exploité tel quel : c’est-à-dire avec le fonds de commerce et les précédents salariés pendant 4 mois. Nous avons ensuite fermé en janvier pour faire les travaux. Puis, le confinement est arrivé mi-mars, sauf que nous n’avions pas terminé les travaux. C’était la catastrophe ! Le confinement nous a donc fait perdre 2 mois car les travaux étaient à l’arrêt. Ils ont finalement repris début juin, et il a fallu un mois et demi de plus pour qu’ils finissent, car l’approvisionnement était devenu plus compliqué et certains des ouvriers étaient en arrêt. Nous avons fini par ouvrir mi-juillet.

Quels ont été vos plus grandes difficultés lors de ce projet ?

B.B. : Il y a eu deux grandes problématiques. La première : les travaux. Comme nous avons dû tout refaire, c’était une somme colossale ! Choisir l’agenceur a été très compliqué et cela a engendré beaucoup de stress. La deuxième problématique a été la reprise du personnel : apprendre à les connaître et se séparer de certains d’eux. Ce n’était vraiment pas évident.

Mais l’avantage de monter une entreprise avec un associé, c’est que l’on peut se serrer les coudes et se remonter le moral mutuellement.

Un accompagnement externe essentiel

Comment avez-vous financé votre projet ?

B.B. : Nous avons fait appel à un établissement bancaire, qui a accepté de financer le projet. Mon associé et moi-même avons ajouté 40% d’apport, et la banque a mis le reste.

Etiez-vous accompagné par des acteurs indépendants lors de votre création ?

B.B. : Oui, un cabinet d’experts-comptables nous a aidé à faire notre business plan, et a aussi jeté un oeil à notre dossier bancaire. On s’est également fait accompagner par un courtier en prêt. Les courtiers ont vraiment été une force face aux banques, une fois que nous l’avions sélectionnée. Il nous a permis d’avoir un meilleur taux, et de trouver un prêt tout simplement ! Sur les 15 banques sollicitées, 13 nous ont répondu négativement car nous sommes jeunes et n’avons pas d’expérience dans la restauration. Finalement, c’est ce qui nous a servi auprès de l’établissement bancaire qui nous finance : c’est justement parce que nous avons un regard externe sur la restauration, que je venais de la communication et que mon associé travaillait dans un bar que notre projet les a séduit. Nos tempéraments et notre côté un peu « novice » mais extrêmement motivé leur a plu.

La crise sanitaire : un défi de taille à surmonter

À quelle étape de votre projet la crise sanitaire a-t-elle eue lieu ?

B.B. : En plein pendant les travaux, nous étions à quelques semaines de les terminer. L’agenceur nous a annoncé qu’il ne viendrait plus car il avait peur pour son personnel.

Nous avons donc tout de suite contacté notre banquier car nous avions compris que cela serait très problématique et que cela durerait longtemps. Nous avons donc demandé un report du remboursement du prêt, de 6 mois. Nous ne recommencerons à payer notre prêt qu’à partir de septembre donc. On a également fait une demande de report de loyer auprès de la propriétaire des lieux, qu’on a fini par avoir également et qui sera échelonné. La date d’ouverture a également été reportée de 2 mois et demi. Mais nous n’avons pas changé de stratégie pour autant.

Des aides financières ont-elles été accordées afin de mener à bien votre projet ?

B.B. : Oui, comme nous avons dû mettre nos salariés au chômage partiel, nous avons eu des aides pour payer leur salaire. Nous avons également eu pour juin et juillet une aide de la région de 1500€, équivalent à peu près à notre loyer.

La crise sanitaire a-t-elle failli mettre un terme à votre projet ?

B.B. : Non, mais cela a beaucoup affecté notre trésorerie. Heureusement pour nous, nous n’avions pas tout à fait commencé l’activité, nous n’avons pas eu à payer tous nos fournisseurs. Nous avons tout de même eu un trou de 20.000 à 30.000€ pour payer les salaires, loyers etc. Nos proches nous ont aidé à le combler avec ce que l’on appelle de la « love money ». Nous les rembourserons au fur et à mesure de notre activité.

À l’heure où nous écrivons cet article, où en est votre projet de création d’entreprise ?

B.B. : Nous avons ouvert depuis 1 mois, notre ouverture est très encourageante, notamment les retours clients, que cela soit en personne ou sur Internet : les clients sont très contents et le restaurant est complet du mardi au samedi. Cela nous fait chaud au cœur, car nous avons traversé des choses très difficiles pour des jeunes créateurs d’entreprise.

Du stress, mais une grande satisfaction

Comment vivez-vous cette création d’entreprise ?

B.B. : C’est très fatigant et très stressant d’avoir une équipe de 10 personnes à gérer ! Leurs humeurs sont plus difficiles à gérer que leurs compétences finalement ! La RH est ce qu’il y a de plus dur au quotidien. Cependant, le rythme a été facile à prendre car nous sommes heureux de nous lever tous les matins pour développer notre projet. D’autant plus que nous avons d’excellents résultats, bien au-dessus de nos prévisions. Nous ressentons de grands sentiments de satisfaction, de réussite, de construire quelque chose. Les retours des clients sont très flatteurs pour l’ego !

Êtes-vous satisfait de votre projet ?

B.B. : Pour l’instant oui. Le problème est que la crise sanitaire nous empêche de développer notre projet à 100% : nous avons installé une cabine de DJ et un bon système sonore qui devaient servir le vendredi et samedi pour accueillir les clients dans une ambiance de bar/discothèque. Mais comme la danse n’est pas encore autorisée, nous perdons du chiffre d’affaires. Je suis satisfait mais pas entièrement à cause de cela.

Quels sont selon vous les aspects négatifs de la création d’entreprise ?

B.B. : J’en vois et je n’en vois pas à la fois ! Ce que j’aime, c’est que je travaille pour moi. Il n’y a donc pas d’aspect négatif, même si je n’ai pas une minute pour moi. Je l’ai choisi !

Si vous deviez résumer votre projet en un mot, quel serait-il ?

B.B. : L’engouement. Car au démarrage, il y a eu un fort engouement de la part de nos clients, on parle beaucoup de nous sur les réseaux sociaux. L’engouement aussi de notre personnel qui se donne beaucoup, on voit qu’ils veulent créer le projet avec nous.

Auriez-vous des conseils pour des entrepreneurs souhaitant créer leur entreprise aujourd’hui ?

B.B. : De ne rien lâcher, même si parfois la vie ne fait pas de cadeau : entre le COVID-19 et l’affaire Lubrizol, nous n’avons pas été gâté… Mais il y a toujours une façon de s’en sortir. Il faut apprendre à rebondir et toujours croire en ce que l’on fait ! Prendre confiance en soi.

Merci à Bryan Barboyon pour son temps et témoignage.

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